
Voilà comment finissent les anthologies
Dimanche, fin d’après-midi, je me baladais sur nos chemins, tous blancs.
Hier matin ils étaient comme saupoudrés de sucre glace, les sapins en leur milieu jusqu’à leur cimes.
Depuis hier soir, à la nuit tombée, doucement mais sûrement le blanc a tout recouvert. Le silence avec a tout envahit. La neige absorbe les bruits, tout est feutré… nos voix chuchotent, nos pas ne résonnent plus, ils craquent. Les branches ploient, sous la neige comme sous le vent. C’est beau. L’envie irrésistible d’être à la fois dehors et dedans. Dehors pour avoir les joues qui piquent, dedans pour placer un mug de tisane entre ses mains.
Je me baladais donc, en cette fin d’après-midi sur un chemin des centaines de fois emprunté. J’y suis passée si souvent devant cet arbuste. Je crois même que j’avais déjà noté la présence de ces CD. Mais au grand jamais non jamais je n’avais prêté attention à qui ils pouvaient être.
Et cette fois, le hasard a fait que mes yeux se sont posés dessus. Et je suis tombée sur une anthologie. Pas n’importe laquelle. Elle s’est mise à scintiller comme une étoile. Je m’interroge encore sur le fait que celle-ci soit « un recueil de morceaux choisis en prose ou en vers » dixit Le Robert. Mais ce n’est pas grave, elle est posée là, chahutée par les saisons. Pour un certain temps encore, jusqu’à ce qu’elle se brise et qu’elle ne soit plus, mais pour le moment, elle égrène ses sons et flamboie quand la lumière vient se poser sur elle.
J’ai continué ma balade, je n’en étais qu’en son milieu, mais cette anthologie a raisonné en moi jusqu’à ce que je tape les mots sur la feuille de mon traitement de texte, le chat posé entre le clavier et moi, le dos au devant du poêle, en écoutant seulement les sons d’un grand pirate qui tourne les pages d’une BD, et d’un autre qui s’invente une vie de personnage de manga aux milles aventures.
C’est dimanche, il a neigé dans le Beaujolais vert, il est devenu tout blanc.