
Ton lacet est défait
Voilà ce que j’ai eu envie de te dire quand tu t’es faufilé entre la barrière du quai et moi qui tenait mon café en marchant pour rejoindre ce même quai. Bonnet vissé sur la tête, masque bleu, basket violettes (?) , celle de gauche avait son lacet qui traînait. Tu vas t’y prendre les pieds, jeune homme.
Il y a toi aussi, cheveux courts et pourtant hirsutes. Tu marches sur le quai, tournicoti, tournicota, tu parles ou bien maugrées, même derrière ton masque je te vois, ton murmure arrive jusqu’à moi. Et pus tu sors du quai et reviens quelques secondes après avec ta trotinette elec, certainement oubliée dans ta voiture.
Ou bien encore toi, le quinqua fringuant (quoique… ton talon est plein de boue…), masque noir glissé sous le nez, costard brillant, chemise laissant voir un grand V sous ton cou. Tu sais qu’il fait 6° ce matin ?!
Et toi tel Zorro sur son destrier, tu arrives jusque sur le milieu du quai avec ton fixie, petit jean moulant et basket trendy. Hop tu en descends, hop le train arrive, hop tu le hisses à bord, il a l’air léger ton vélo.
Croiser tous ces gens, imaginer des vies et me raconter des histoires, j’adore. Mais ce que je me demande surtout c’est… qui a encore un billet papier sur lui ? Le long billet rectangulaire ou le petit carré avec de la pub dessus ? Parce que sinon c’est une carte Ourà ! Ou un billet dématérialisé sur le smartphone où chacun plonge dans sa vie, alors que c’est si bon de vous regarder vous qui êtes là sur le quai, tous différents et uniques et pourtant bientôt tous ensemble dans le train. Tous dans la même galère, en vrai.