Liberté totale !
Pour elle, il a toujours été question de choisir,
oui d’accord mais choisir quoi ?
Et est-ce que ça sera le bon choix ?
Comment le savoir ?
En partageant les pas de Liberté, nous verrons comment elle devient libre.
Pour commencer, Liberté a un problème, voire deux : elle ne sait jamais quoi choisir, et son prénom.
As-tu fait le bon choix ?
Elle a l’impression d’avoir entendu cette phrase depuis toujours, que ce soit pour choisir son parfum de glace comme sa filière d’études.
Tu es sûre, c’est bien ça que tu veux ?
Du coup souvent elle fait des pirouettes pour ne pas avoir à choisir, elle laisse les autres ou les circonstances le faire pour elle. Mais c’est un peu de la survie en somme. Son enveloppe corporelle est là, mais elle non. Avec toutes ces questions qui trottent dans sa tête, et cette petite voix qu’elle ne veut pas entendre qui pourtant pourrait la guider.
A moins que ce soit à cause de son prénom, qu’elle porte un peu comme un fardeau. Oui elle s’appelle Liberté. Sans parler que depuis toute petite, dans la famille, on l’appelle
Liberté chérie
Franchement, c’est dur à porter tout de même ?
Pourtant avec un prénom comme celui-ci, on ne devrait pas avoir à se poser la question du choix puisqu’on est libre. Oui mais libre de quoi en fait ?
Comment survit-on quand on ne choisit pas ?
Si on ne choisit pas, on passe à côté de quelque chose, mais comment savoir à côté de quoi on ne veut pas passer ?
Le 1er souvenir qu’elle garde d’un choix difficile, c’est celui des études. Comment savoir si on fait le bon choix ? Y a-t-il un bon choix ?
A 14 ans, savoir ce qu’elle voulait faire plus tard n’était pas du tout une évidence (au passage, pourquoi est-on définit par notre métier et pas parce qu’on est…). Choisir ta filière, ben ça devient dur, très dur, impossible… alors elle a laissé les autres choisir pour elle…
- Tu aimes lire tu as qu’à faire lettres
- Tu es nulle en maths, donc tu ne peux pas suivre un cursus scientifique
- Mais économie ça t’ouvrirait plus de portes quand même
Bref, elle n’y comprend rien, personne ne l’aide, et puis de toute façon elle écoute tellement de monde qu’elle ne sait plus quoi choisir, elle finit donc par choisir L option maths parce qu’elle aime lire et que faire des maths, ça ouvre des portes…
En son for intérieur, elle se demande bien lesquelles mais comme elle ne sait pas quoi faire, elle fait par défaut…
Ses études, ses boulots sont une succession pas très logique. Enfin c’est ce qu’on lui répète. Des projets à gogo, où elle se trouve plutôt compétente mais où personne ne lui dit rien, elle trouve donc que ça n’est jamais assez bien ce qu’elle fait, donc qu’elle ne fait pas ce qu’il faut.
Elle ne se sent jamais à la bonne place du coup : heureuse et malheureuse en alternance.
Heureuse parce que comme elle est perfectionniste et consciencieuse, et bien elle reçoit des compliments. Elle progresse dans son parcours (parce que c’est bien d’en avoir un). Tout le monde apprécie sa gaité, son énergie à déplacer des montagnes.
Mais au fond, elle est malheureuse, elle a le sentiment d’enchaîner des jobs, de déménager parce que ce sera différent ailleurs, peut-être mieux.
En plus, comme elle ne choisit pas en conscience, comme il faut, elle rencontre plein de gens qui en profitent. Des hommes surtout, avides de pouvoir, de contrôle et d’argent, mais aussi des femmes, jalouses de son charisme et qui usent de ses compétences à elle pour parvenir à leurs fins, à leur pouvoir.
A vouloir toujours bien faire, elle se dit qu’elle ne fait rien de bien, elle ne sait pas où aller. Un coup au Nord, une autre fois au Sud. En passant par l’Est et l’Ouest. Des méandres à n’en plus finir.
Une fois pourtant, elle a pris la seule bonne décision : qu’on décide pour elle qu’elle devienne entrepreneure.
Depuis ce jour, sa vie a changé.
Son quotidien depuis devient celui d’une aventurière : explorer, découvrir, rencontrer, tomber, se relever, suivre des traces, faire la sienne. Et globalement elle s’éclate comme on dit.
Chaque jour elle choisit. Elle ne sait plus si c’est le bon choix ou pas, mais elle le fait.
Forcément ses vieux démons la poursuivent alors quand la fatigue la prend, quand les autres sont jaloux, c’est beaucoup moins facile.
Est-ce que j’ai bien choisi ?
Et badaboum, tout redevient gris, terne, sans saveurs autour d’elle.
Et puis un jour, sans rapport avec rien, parce qu’il le faut (elle le sent) sur cette terrasse qui donne à l’Ouest, face au dégradé de vert, elle balance
J’ai envie d’écrire un livre
Elle sent encore une fois qu’elle est happée vers le bas.
- Oui enfin bon tu sais, tout le monde a envie d’écrire un livre un jour
- Ah mais c’est long d’écrire
- Et comment tu vas faire pour vivre ?
- Ca coûte de l’argent de publier
Elle dit STOP ! Elle se dit Stop à elle-même, aux autres.
Parce que là vraiment elle en a marre, ça y est.
Parce qu’elle ne veut plus de tout ça, de ces non choix, à un moment où elle est tournée vers elle-même, loin de tout, et surtout de tous.
Elle écrit, un matin tôt dans son carnet, au chaud sous la couette, avec une douce lumière se reflétant sur les murs en bois de la chambre :
Choisis,
Agis,
Vis !
L’écrire a été facile. Passer à l’action est une autre paire de manches, parce que voilà quand tu fais, c’est que tu as agis. Et tu ressens cette jouissance de vivre, pleinement. Les choses se mettent en place autour de toi, il se passe des choses, simplement, sans qu’on y réfléchisse.
Elle l’a fait, ça été un long voyage. Pas tant parce qu’il a fallu des heures pour le rédiger, le mettre en scène, mais parce qu’il lui a permis de sacrées découvertes. Son livre est écrit, il a été présenté à l’occasion d’un salon, elle a enchaîné dédicace et conférence. Elle s’é-cla-te. Elle s’écoute.
Elle ne sait plus quand, juste que c’était un jour où il pleuvait dehors, poussée par sa petite voix intérieure qu’elle écoute de plus en plus, elle a lâché prise, elle a enfin vu le petit rayon de soleil derrière les gouttes et elle l’a suivi.
Voilà, vous venez de vous rendre compte que c’est simple d’être libre.
Elle a réussi.
Le jour où elle choisit enfin, sans savoir où ça va la mener.
Elle lâche prise,
elle s’assume,
elle s’aime…
elle devient libre,
elle-même,
Liberté !
Commentaires
« Os par os, la Femme sauvage revient. Elle revient à travers les rêves, à travers des événements à demi compris ou à demi oubliés. Elle revient à partir des histoires. »
P46, livre de poche, Grasset, 2020, 29 eme édition, « Femmes qui courent avec les loups », Clarissa Pinkola Estés.
Je vais le relire je crois celui-là… Merci du partage Marika
MERCI Guillemette, encore une fois, on se retrouve dans ce texte. Liberté me semble bien familière..
Merci à toi fidèle lectrice silencieuse mais non moins suiveuse !
La liberté d’être soi-même ! Par ses choix mais aussi par l’image qu’on a de soi, qui ne soit pas déformée par les autres … 😉 Bref, il y a des textes qui raisonnent et résonnent 🙂 Jolie Chouette !
Je l’avais presque « oublié » ce texte, et le voilà qui revient… il suit son chemin et trouve un bel écho dans tes mots, Merci Marina !